L’abus de langage de l’urgence «vraie» ou «subjective» en psychiatrie est révélateur d’un système psychiatrique qui a cessé d’écouter. Pour surmonter ce clivage, il faut remonter au foyer de la pensée en crise afin d’infléchir le cours de son changement. Déconstruire signifie dépasser les oppositions conceptuelles rigides pour retrouver la fluidité de la pensée. Nous décrivons une pratique de régulation des urgences menée depuis dix ans dans les Montagnes neuchâteloises. Elle exige : 1) de démédicaliser la détresse ; 2) d’intervenir sur le terrain pour démultiplier l’action psychiatrique ; 3) de synchroniser psychiatrie et santé mentale avec les collègues «profanes» et 4) de garantir la continuité du lien.
Le vœu d ’être bouddha, le désir d ’être analyste. Il est proposé comme réflexion sur l ’analogie de deux démarches en rappelant, avec Jung, «qu ’il ne s ’agit que d ’une analogie» car «trop nombreux sont les Européens qui transposent sans examen des idées [...] orientales dans notre mentalité occidentale.
Pour saisir la nature exacte du virtuel, nous suivrons l’histoire de Lara Croft, la célèbre héroïne numérique de la série Tomb Raider (littéralement pilleur de tombeau). Nous verrons que le nœud de l’intrigue nous confrontera à la question du retour du héros après sa longue quête initiatique.
Pour le migrant en crise, l'urgence psychiatrique le menace d'une double exclusion, celle due à la folie et celle due à l'étranger: «l'inquiétant étranger». Nous étudions chez trois patients vietnamiens les clivages liés à la demande (acculturation vs exclusion), aux outils de crise (normal vs pathologique) et à la psychologie chinoise (individualisme vs collectivisme). Nous proposons d'intégrer les valeurs traditionnelles confucéennes au dispositif thérapeutique comme moyen de régulation du travail de crise chez les patients de culture chinoise.
Toute la gamme des sentiments de l'âme du Vietnam s’harmonise dans son poème national, le Kim-Vân-Kiêu. C’est un choix par excellence pour une compréhension de la psyché vietnamienne. Les auteurs proposent une double lecture, métaphysique - débouchant sur la sincérité du coeur (Tâm), et clinique - révélant le clivage du moi induit par la piété filiale pour préserver l'harmonie de la Voie (Daol.
Notre observation clinique d'une démarche psychothérapique s'appuyant directement sur les valeurs du culte des ancêtres montre en quoi les croyances traditionnelles verrouillent la relation thérapeutique (entendue au sens occidental de franchise, d'introspection et d'assurance en soi) et comment leur confrontation au vécu du sujet peut concilier la dissociation des affects et des rôles prescrite par la piété filiale.
« Il n 'appartient qu 'à la pensée, dit Magritte, d’être ressemblante ; elle ressemble en étant ce qu 'elle voit, entend ou connaît ; elle devient ce que le monde lui offre »